La légende de YENNEGA, partie 4 : La victoire sur les Nion-Nionsés
Selon Monsieur Roger Bila KABORE ,
d ans la tradition des contes oraux colportés de villages en villages par les GRIOTS (conteurs ambulants )
Tout le village, en signe de gratitude et en guise de remerciement, se décida à se mobiliser, pour suivre la princesse Yennega,pour aller conquérir et soumettre la tribu des Nion-Nionsés. Et ils allèrent tous, avec elle à leur tête,
vers le royaume redoutable et tant redouté des intrépides Nion-Nionsés, ces Enfants des Tempêtes.
Ils arrivèrent après une lune de marche, et à leur approche, la tribu des Nion-Nionsés, avertie par ses éclaireurs, envoya à leur rencontre une armée de dix fois dix mille cavaliers, et une armée de cent fois cent mille fantassins.
Un bain de sang, un carnage sauvage, et un choc sanglant se préparait à l’horizon et semblait inévitable.
Mais la princesse Yennega fit arrêter sa troupe, se tourna vers son cheval Enigme-d’Hivernage et cria :
« Frappe, pur sang de race pure de cheval,
Frappe, fils de termite et fils de termitière,
Frappe, cœur d’ouragan et cœur d’orage,
Frappe, frappe, et frappe ».
A ces mots, Enigme-d’Hivernage jeta un regard éclair sur l’ombrage des nuages, huma d’un flair sans faille l’odeur des combattants et se mit à faire le tour de l’armée ennemie.
Au bout du troisième tour, l’armée redoutable
et tant redoutée des Nion-Nionsés n’était plus qu’un débris épars d’officiers sans armes, de soldats sans bras et de guerriers sans jambes.
Devant ce phénomène hors du commun et hors du naturel, relevant de la magie et relevant du miracle, le chef des Nion-Nionsés s’avança vers la princesse Yennega et déclara :
« O brave amazone, tu as réussi là où maints guerriers se sont heurtés, et là où maints généraux ont échoué.
Je t’offre la soumission des Nion-Nionsés, et en signe de cette soumission, voilà le tribut de ma tribu pour l’année en cours, voilà ma couronne de chef de ces indomptables Enfants des Tempêtes.
Et s’il y a une requête que je demande à te faire, c’est de faire en sorte que mes gens recouvrent toutes leurs facultés et toute leur santé ».
Devant tant d’humilité exprimée avec tant de dignité, devant un tel chef qui savait vaincre sa défaite comme naguère il avait su dominer ses victoires, la princesse Yennega fit également preuve de grandeur et de bienveillanc e.
Elle se tourna encore vers Enigme-d’Hivernage pour lui crier :
« Miséricorde, pur sang de race pure de cheval
Miséricorde, fils de termite et fils de termitière,
Miséricorde, cœur d’ouragan et cœur d’orage,
Miséricorde, miséricorde, et miséricorde ».
A ces mots, Enigme-d’Hivernage lança un regard glacial sur les monts et les monticules, lança un regard sévère sur les cols et les collines, et se mit à faire le tour de l’armée des Nion-Nionsés.
Au bout du troisième tour, tous les combattants furent guéris de leurs infirmités.
Source : Roger BilaKABORE La Princesse YENNEGA et autres histoires EDICEF, 1983.