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Paul Kabré: photographies de «fous» pour un fou de photos

Publié le par nassaramoaga


Au " pays des hommes intègres ", les «magiciens de la boîte noire» ne sont pas les mieux chéris. Cela n’a pas empêché Paul Kabré d’abandonner son job d’employé de Chemin de fer pour se consacrer, depuis 1976, à la photographie. Il ne passe pas moins aujourd’hui pour l’un des meilleurs photographes de son temps…

 

C’est en tant qu’autodidacte, cherchant à percer le secret de l’appareil photographique et de la prise de vue, que Paul Kabré finira par se forger une solide réputation dans ce domaine, et dont les échos ont traversé les frontières du Burkina. En vingt années de pratique, il avoue n’avoir pas gagné assez d’argent, mais reconnaît avoir engrangé beaucoup de satisfaction.

En juin 1999, Paul Kabré participe au Festival mondial des arts photographiques, en Croatie, où il remporte le troisième prix mondial. C’était avec une œuvre inédite intitulée «Tendre mère», dans laquelle il magnifie l’allaitement maternel. Sur les 87 pays représentés à ce concours, il n’y avait que six du continent africain. Le lauréat burkinabè n’avait alors pas pu effectuer le voyage pour recevoir son prix, faute de moyens, malgré ses démarches auprès de certaines autorités. C’est finalement par la poste qu’il a reçu son laurier. Nullement découragé, il postule, en décembre 1999, au National photography awards d’Harington, au Texas. Là également, ses œuvres, «Corentin le curieux», «Nomadisme» et «Le marchand de poulet» lui ont valu un Master et deux Prestiges.

Mais loin de ne s’intéresser qu’aux sujets qui accrochent, Paul Kabré va surtout faire parler de lui à travers la réalisation d’un film sur les malades mentaux au Burkina. Intitulé «Gãeenga parmi les hommes», ce documentaire, aussi émouvant que surprenant, a reçu une mention spéciale de l’Organisation mondiale de la santé

(OMS) au Fespaco 2003, et a été sélectionné au Festival des films du monde de Montréal, en 2006. La galerie de photos qui l’a accompagné a fait l’objet d’expositions à Paris, Bruxelles, Berne, Annecy, Saint-Denis de la Réunion, ainsi qu’en Espagne, et à Kara et Dapaong (Togo).


Son audace à immortaliser les images de «fous», et surtout à les donner à voir partout dans le monde, lui a valu le surnom de «Photographe des fous», qu’il porte d’ailleurs fièrement. Sa plus grande satisfaction, là aussi, c’est que «beaucoup de gens m’ont dit qu’ils n’ont plus le même regard sur les fous. On peut aller serrer la main à un fou».

Agé aujourd’hui de 53 ans, et jamais sans son appareil photo depuis 32 ans maintenant, Paul Kabré a élu domicile à Bobo-Dioulasso, où il tient d’ailleurs un studio qu’il a baptisé «Chouette photo». Quand vous lui parlez de retraite, il vous répond, non sans humour: «Je suis dans la photographie jusqu’à ce je ne vois plus clair».

 

Source: ( fasozine )


 


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