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La légende de YENNEGA, partie 3 : La guérison des invalides

Publié le par nassaramoaga

http://www.afrik.com/local/cache-vignettes/L100xH140/arton6311-8c915.jpg 

 

 

 

 

 

 

Selon Monsieur Roger Bila KABORE ,
d
 ans la tradition des contes oraux colportés de villages en villages par les GRIOTS (conteurs ambulants )

 

 

 

 

 

 

 

 

 

http://www.yennega.org/images/Statueor.jpg

 

 

La princesse Yennega enfourcha sans attendre Enigme-d’Hivernage, avec impatience et avec empressement


et tenta de le faire partir. Elle le tapa et tapota avec le pied et le coup de pied .
Elle lui tira et tirailla le mors de la bouche et des lèvres . Elle le cravacha et le flagella à la croupe et à la nuque .


Mais Enigme d’Hivernage ne bougea pas d’un pouce, et ne broncha pas d’un poil .


Le palefrenier de la cour royale s’avança alors et lança les incantations
qui devaient être la clé destinée à ouvrir la marche :


« Va, pur sang de race pure de cheval,
Va, fils de termite, et fils de termitière,
Va, coeur d’ouragan et cœur d’orage,
Va, va et va ! »


A ces mots , Enigme-d’Hivernage détala promptement et trotta, trotta, trotta, pendant une journée entière,


sans ralentir l’allure et sans arrêter sa course . La princesse Yennega, perchée sur son dos, commença à sentir la fatigue et à ressentir la faim . Elle s’avisa de s’arrêter à l’approche d’un village .


Elle le tapa avec le pied et le coup de pied . Elle lui tira et tirailla le mors de la bouche et des lèvres .


Elle le cravacha et le flagella à la croupe et à la nuque, mais Enigme-d’Hivernage trottait, trottait, et trottait,  sans diminuer sa vitesse, sans arrêter sa course .


Elle se rappela qu’il lui fallait débiter les vocables magiques destinés à fermer sa marche, et elle s’écria :


« Stop, pur sang de race pure de cheval,
Stop, fils de termite et fils de termitière,

http://fond-ecran.linternaute.com/image_wallpaper/horse1280.jpg

Stop, cœur d’ouragan, et cœur d’orage,

 

Stop, stop et stop »

 


 

A ces mots, Enigme-d’Hivernage s’arrêta net, et c’était au mi lieu du villa ge,
et c’était au milieu de la cour des notables du village, et c’était au milieu de la nuit .

 

Trois jeunes gens vinrent à sa rencontre de par sa droite , et trois autres jeunes vinrent à sa rencontre de par sa gauche .

 

 

 

Ils s’avancèrent, exécutèrent de grandes révérences et déclarèrent en choeur :

« Salut à toi, ô princesse Yennega.
Que fais-tu ici, si loin du Moogho,
Où vas-tu d’un pas si empressé ? »


La princesse fut surprise, ahurie et flattée, d’avoir été reconnue, saluée et honorée par les six étrangers, et demanda à son tour :


« Quel est ce village , perdu dans la brousse et qui êtes-vous, ô braves jeunes gens ? »


Les trois jeunes gens venus de sa droite lui répondirent d’abord :

« Je suis un cavaleur sorcier de la cavalerie royale du Ouidi-Naba, dit le premier étranger .


« Je suis un cavalier épervier de la cavalerie royale, dit le second .
« Je suis un cavalier cordonnier de la cavalerie royale, dit le troisième »

Les trois autres jeunes venus de sa gauche répondirent à leur tour :

« Je suis un fantassin assassin de l’infanterie royale du Tampsoba-Naba, dit le premier .


« Je suis un fantassin fantôme de l’infanterie royale, dit le second .
« Je suis un fantassin formidable de l’infanterie royale, dit le troisième . »


Puis, ils précisèrent tous ensemble :


http://lartsansfrique.kikooboo.com/graphiques/carnets/4830/98033/739686-2.jpeg« Nous sommes tous dans ce village, des infirmes, des rescapés et des débris de l’armée du Ouidi-Naba et du Tampsoba-Naba qui allèrent livrer bataille contre la tribu des Nion-Nionsés, les Enfants des Tempêtes »


La princesse Yennega observa avec pitié et compassion ces jeunes gens pitoyables et en piteux état,


qui avaient tous soit un bras en moins, soit une jambe en moins, soit un œil en moins.


Elle se souvint alors des dires du palefrenier de la cour royale qui disait qu’Enigme-d’Hivernagesavait guérir les malades et soulager les infirmes, et elle s’écria :


« Guéris, pur sang de race pure de cheval,
Guéris, fils de termite et fils de termitière,
Guéris, cœur d’ouragan et cœur d’orage,
Guéris, guéris et guéris. »


A ces mots, Enigme-d’Hivernage se mit à barrir et non pas à hennir, il se mit à gambader et non pas à galoper .


Puis il se mit à faire le tour des jeunes gens infirmes, et au bout du troisième tour, les jeunes gens furent tous guéris de leur infirmité.


Ils remercièrent beaucoup, avec beaucoup de chaleur et beaucoup d’effusion,
la princesse Yennega de ce prodige merveilleux et celle-ci leur dit encore :


« O braves gens qui firent preuve de bravoure,
ô braves combattants qui combattirent les Nion-Nionsés,
conduisez-moi au marché du village ».


Les jeunes gens la conduisirent au marché du village et un spectacle déplorable et désolant s’offrit à ses yeux.


Tout le monde dans ce village était infirme, infirme à la suite de la guerre contre la tribu des Nion-Nionsés .


Elle se retourna vers son cheval Enigme-d’Hivernage et lui lança encore :


« Guéris, pur sang de la race pure de cheval,http://www.mixiwi.info/wp-content/uploads/pur_sang_arabe_assurance.jpg
Guéris, fils de termite et fils de termitière,
Guéris, cœur d’ouragan et cœur d’orage,
Guéris, guéris et guéris ».


A ces mots, Enigme-d’Hivernage hurla et hulula comme un vieux hibou, ronfla et roucoula comme un vieux pigeon,


puis il trotta autour du marché, et au troisième tour de trot, tous les gens du marché furent guéris de leurs infirmités.

 

Source : Roger BilaKABORE La Princesse YENNEGA et autres histoires EDICEF, 1983.

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