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La Faim !!

Publié le par nassaramoaga

Famine, faim, soudure, voilà bien un lexique qui s’impose quotidiennement en ce temps qui coure. Bien évidemment, il faut noter qu’il ne concerne qu’une partie de la population. Malheureusement, c’est la majorité des citoyens. Plus ou moins proches des oreilles et yeux chastes de ceux qui se « nourrissent », eux luttent âprement pour avoir de quoi tenir les intestins et les muscles. Pour ceux qui ne le savent pas encore et pour reprendre une théorie développée par un Samo de Toma, il y a une différence entre « se nourrir » et « manger ». Se nourrir signifie que le repas à nous servi contient des éléments nutritifs. A contrario, « manger »  revient tout juste à « se bourrer » le ventre juste pour ne pas trépasser. En fait, la majohttp://1.bp.blogspot.com/_rNWDGapqiuw/S26hT9mdrCI/AAAAAAAAAMk/FG_Dru80izU/s320/ouaga2000_1.jpgrité qui lutte pour disposer de quoi survire ne cherche qu’à se bourrer le ventre, n’ayant  pas les possibilités de s’offrir un repas nourrissant. Dans ce pays des Hommes int ègres, les « Uns », en minorité, sont nourris, les « Autres » et les « Et coetera » sont affamés ou mal nutris. D’aucuns décriront notre pays comme une zone de famine et de  malnutrition avancée mais silencieuse. Ce n’est pas de la méchanceté, il faut juste comprendre le fond des choses !

 

La semaine dernière, nous avons joint au téléphone un parent quelque part au fond du pays. Le parent a pris l’initiative de la conversation et a introduit une requête : il voudrait de l’argent pour payer du mil. Il ne pleut pas et la période de soudure risque de causer des dégâts. Nous imaginons le nombre de ces Burkinabè, hommes ou femmes qui devront secourir les parents dans le sens large, qui avec du mil, du maïs, du riz, qui avec de l’argent. Quitte à se mettre eux-mêmes dans une situation de « famine » car le salaire de misère doublé souvent de crédits divers ne peut tout supporter.

 

En ville comme en campagne, la situation est presqu’identique. Il suffisait par exemple de faire un tour dans certains quartiers de Ouagadougou et de constater la ruée de femmes, enfants au dos, sur les distributions des vivres du PAM. Les scènes sont en général indescriptibles : des bousculades, des insultes, des bagarres…Ce n’est pas étonnant car il semble que les mendiants ne s’aiment pas. http://terresacree.org/images/famine4.jpg


On a coutume d’identifier les régions du Sahel, du Nord et du Centre-Nord comme la géographie de la ligne rouge d’insécurité alimentaire. Mais, en réalité, la situation est générale. Des milliers de ménages éprouvent des difficultés énormes pour assurer ne serait-ce qu’un repas quotidien.


« Incapables » d’apporter des solutions à leur problème, les populations se tournent vers l’Etat et des ONG qui, à leur tour sont obligés de vendre la misère à travers le monde pour espérer avoir l’aide internationale. Cette aide internationale n’est pas aussi accessible que l’on aurait souhaité parce que d’une part, les données agricoles fournies par nos Etats ne sont pas fiables et d’autre part parce la résolution de la question de la faim n’est pas une préoccupation première de nos décideurs nationaux et internationaux.


Faut-il s’en prendre à ceux qui détiennent les clés de l’aide internationale ? Il y a un peu plus d’une année, le cas de la province du Bam a fait école. Pour résoudre le problème de la soudure, une ONG oeuvrant dans cette province et grâce à ses partenaires a mis à la disposition de la population, une certaine quantité de céréales calculée en fonction du nombre des personnes dans le besoin ; le nombre a été déterminé à partir des statistiques fournies par des services techniques de la province. A la distribution, l’on s’est rendu compte que la quantité de l’aide disponible dépassait outrageusement l’effectif des demandeurs. Une situation qui aurait peu engendrer des détournements du reliquat énorme de céréales. Elle était aussi embarrassante car la justification de l’aide auprès des bailleurs a été une entreprise compliquée. Comme on peut le deviner, de tels bailleurs ne pourront être prompts à réagir dans l’avenir si certaines informations leur parvenaient. Et ce d’autant plus que beaucoup de personnes n’étaient pas en situation de besoin. Elles voulaient uniquement tirer profit d’une occasion.

 

Bref, la question de la faim ou de la crise alimentaire est devenue structurelle dans notre pays. Malheureusement, nous n’avons pas encore trouvé les formules pour en sortir. On nous dira que le problème est mondial. Mais cet aspect mondial ne saurait empêcher un Etat, souverain de surcroît, de bouter hors de ses frontières les famines successives. En tout cas, des Etats ont prouvé qu’on peut y arriver. On le sait, « ventre creux n’a point d’oreille » pour dire que le premier pas vers le développement, c’est de manger d’abord et en premier à sa faim. Tous les pays développés ou émergents, dans le sens vrai, ont commencé par là.


Ce qui est marrant et attristant dans nos pays, dits émergents dans le sens marketing, c’est qu’au fur et à mesure que le temps passe, nous mettons à rude épreuve nos capacités à répondre à notre crise alimentaire. C’est juste pour ne pas affirmer que nous sommes en panne d’idées et de stratégies. Si ce n’est qu’attendre que les autres nous filent les restes de leurs tables de festin. Pauvre Lazare !!!!

 

Source : Bendré

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