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Zedess

Publié le par nassaramoaga

Zongo Seydou, alias Zêdess, a enregistré son premier titre en 1990, pour le deuxième album de l’Orchestre de l’Université de Ouagadougou (OUO).  Mais c’est en 1992, avec sa première cassette intitulée Y’a plus de boulot, qu’il va vraiment faire parler de lui.  Zêdess y raconte la galère des jeunes burkinabés, et il fait mouche ; c’est le début d’une ouverture au Burkina, les radios fleurissent sur la bande FM, les journaux satiriques apparaissent dans les kiosques, et Zêdess s’engouffre dans la brèche…


En 1995, il récidive avec un album beaucoup plus ambitieux.  Embouteillage, enregistré à Abidjan.  Il continue à raconter avec humour la vie ouagalaise et à dénoncer les vices des sociétés africaines.  Il devient le chanteur le plus populaire du pays, et fait même en 96 une tournée à guichets fermés dans toutes les grandes villes du Burkina.  Pour la jeunesse, il incarne une nouvelle génération de musicien, et un espoir.  Il ouvre également les portes des grandes radios internationales qui diffusent sur le continent, et sa popularité commence à dépasser les frontières du Burkina. 


La musique de Zêdess allie le reggae, avec son langage international, au folklore burkinabé et ses rythmes traditionnels warba ou wiré.  Ce mélange lui permet de toucher le public le plus vaste : les jeunes, amateurs de reggae et les plus anciens.


La langue a aussi pour Zêdess beaucoup d’importance : s’il a choisi le français, c’est aussi pour élargie son public.  Ce sont ses textes qui sont la première raison de son succès ; textes dans lesquels les Burkinabés reconnaissent leur quotidien (que Zêdess connaît bien), les problèmes de fin de mois, les bagarres avec une administration tatillonne, les amours compliqués…  Pour raconter leur histoire, il mêle l’humour à son sens de l’observation ; tout à tour satirique et moralisateur, Zêdess croit au rôle du chanteur pour transformer patiemment la société dans laquelle il vit.


En 1997 il sort la troisième cassette "Où allons –nous ?".Zêdess poursuit dans la même veine contestataire.  Les titres Directeur Voleur et Abus d’Autorité dénoncent la corruption et les séquelles de la colonisation qui ont engendré des régimes pas tout à fait démocratiques.  Mon Voisin est un con aborde un thème de société plus large pour ne pas dire universel !


En 1998, le label Lusafrica propose à Zêdess de réunire ses meilleurs titres remixés sur un album.  Une des chansons du CD est produite à la demande de Handicap International, qui souhaite impliquer des artistes dans son combat contre les mines antipersonnel.

Après une tournée en été 1999 en Europe, Zêdess sort son deuxième album international « Accroche toi » en septembre 2000.  Avec son nouvel album, Zêdess porte toujours son regard lucide/amer mais néanmoins plein de tendresse et d’humour sur ses contemporains d’où qu’ils viennent.  Il suffit d’écouter le titre La France comme une mobylette sur lequel Zêdess « épingle » joyeusement la société française pour se persuader qu’il mérite bien sa réputation de « Poil à gratter ».

En 2003, Zêdess participe à l’enregistrement d’une compilation (« Drop the debt ») au côté d’artistes tels que Césaria Evora Ticken Jah, Lokoua Kanza, …avec le titre « Cadeau empoisonné ».  Ceci pour soutenir l’annulation de la dette du Tiers - Monde.


En décembre 2004, Zêdess sort son 3ème album international à Ouagadougou au Burkina Faso avant de le lancer sur le marché européen dès 2005 !  Ce nouveau cru allie amusements, rires et gravité.  En effet, fidèle à sa réputation, il nous propose des thèmes qui nous concernent tous en ce début de 3ème millénaire tels que « Licenciement », « Moi, Bush ! », « Solidarité » (Sidéens), « Enfance volée »,… Pour lui, la musique est un cinquième pouvoir qui peut jouer le rôle de conscientisation et combattre l’ignorance, la première arme de destruction massive.  Mais nous retrouverons aussi des thèmes plus légers traités avec l’humour qu’on lui connaît bien tels que le dilemme dans «Aïe ! », le « Prisonnier du portable », la tronche des parisiens dans le métro « Souriez Parisiens », « Le surfactureur»,…. 

L’artiste a voulu dans son 3ème album faire partager son plaisir de la musique avec d’autres artistes en réalisant ainsi 5 duos.  On y retrouve Mama Kouyaté (Mali), Meiway (Côte d’Ivoire), Massilia Sound System (France), Starflam (Belgique), Farida( Algérie-Belgique)et Madina(Cote d’Ivoire –Burkina Faso).

Tout ce travail depuis ces années vaudra à  l’artiste d’être élevé au rang de Chevalier De l’Ordre du Mérite au Burkina Faso le 27 Février 2005.

Partageant sa vie entre le Burkina Faso et la Belgique ou il réside,Zedess répète qu’il retourne souvent au bled (pour prendre des leçons de vie) ou les gens avec moins d’un euro par jour, garde le sourire.



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