Au secours, les footeux sont devenus fous!
«Onze, onze, pour une coupe, à taper le ballon, à mouiller le maillot, à être des champions»... Là-bas, au pays des zoulou, Dame coupe attend patiemment son nouvel élu, avec qui elle convolera en footballistiques noces, à partir du 11 juillet 2010. Un bail sentimental de quatre ans, qui rend tout le monde un peu zinzin sur la planète foot...
Faites vos pronostics, rien ne va plus! Les vuvuzela sonnent la mobilisation des supporters, le ballon, fou à lier, glisse sur la pelouse, déjoue les certitudes et trompe les apparences. Les favoris se font peur, de petits poucets montrent le bout de leurs crampons, les cartons rouges pleuvent et les éliminés pleurent sur leur sort. La Coupe du monde de football 2010, première édition en terre africaine, est déjà la coupe des surprises. Même le ballon rond ne tourne plus rond, les Bleus voient rouge, et les Lions indomptables se sont fait mater, dompter, dégriffer, et tout, et tout...
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Eto’o et sa bande n’ont pu que constater le désastre danois, après la mauvaise passe nippone. Le pire, c’est un(e) Honda qui a porté le coup de grâce. Et, pour sûr, ça va faire longtemps débat à Yaoundé et à Douala. Dans les maquis, le ndolè aura un goût bien amer, et le makossa risque de se noyer dans le coupé-décalé. Mais bon... C’est la vie! Même dans la vie, le football dicte ses lois aux plus grands, qui s’emberlificotent dans des bisbilles de stars. Sauf que sur le rectangle vert les bisbilles et le cuir rond ne font pas bon ménage. Mais tout cela, passe encore, c’est le football, man! Même les Etats-Unis de Barack Obama, champions toutes catégories de base-ball, ont fait jeu égal avec le onze national de la puissante Albion. Et même la Suisse, dont on croyait qu’elle n’avait que Roger Federer qui trône en maître sur le tennis, est venue à bout de... l’Espagne, équipe capée s’il en est, et estampillée comme l’un des grandissimes favoris de l’épreuve. Euh... on est où, là?
Alors, que les Supers Aigles du Nigeria offrent gracieusement à la Grèce l’occasion unique d’entrer dans le livre Guinness des records en marquant son tout premier but dans une phase finale de Coupe du monde n’émeut personne. Ce ne sont plus que des aigles sans serres qui planent dans le ciel sud-africain, attendant, à moins d’un sursaut de dernière minute, le prochain bourreau.
Heureusement, dans la jungle africaine du football, où l’on s’attendait à voir les équipes du continent marquer leur territoire, il reste les Eléphants, auteurs d’une belle première sortie (0-0) contre le favoritissime Portugal, avant de sombrer (1-3) face à la conquérante Seleçao brésilienne, qui a su faire entendre le son de sa samba dans le tonitruant vacarme des vuvuzela.
Les supporters africains misent aussi, et surtout, sur la jeune équipe du Ghana qui, si elle ne se laisse pas bleuir par la puissante Mannschaft allemande, peut jouer les trouble-fête dans les seize qui passeront l’entonnoir du premier tour. De toute façon, plus bleus que les Bleus façon «Black-Blanc-Beur» de l’Hexagone, on peut pas! Ils ont carrément viré au rouge, refusant de s’entraîner et piétinant davantage, ainsi, l’autorité d’un Domenech sur le départ. Un vrai coup de théâtre en plein podium sportif, où chacun en a eu pour son... football, tandis que “Nicolaï Anelkajurius”, l’enfant terrible du ballon-français-qui-ne-tourne-plus-rond, principal auteur de cette mêlée digne du rugby, s’en est allé tranquillement vers la City.
Après, on ne pourra pas en vouloir aux Bafana Bafana de mettre leurs vuvuzela à fond, pour offrir une belle fête du ballon rond à tous ces messieurs du monde, qui ne croyaient pas en la capacité de la Nation arc-en-ciel, d’accueillir le monde et de célébrer le football, le sport-roi de la terre.
Source: Le Journal du Jeudi