Déménagement des sinistrés

Terrain de l’INJEPS, hippodrome, plateaux omnisports des secteurs 17 et 7, ex-marché de Songnaba (secteur 16). Ce sont-là, les cinq sites "témoins" devant servir de centres de relogement des sinistrés du 1er septembre dernier, qui ont été visités par une délégation gouvernementale, le lundi 21 septembre 2009. Demain mercredi, en principe, les victimes du déluge doivent déménager sous les tentes qui y sont dressées.
Les riverains du stade du 4-Août ont été bien intrigués, ce lundi 21 septembre 2009 aux environs de 8 h, devant le cortège d’une quinzaine de voitures précédé d’une sirène en direction du terrain de l’INJEPS.
Là, se trouve le premier site de relogement, visité par la délégation gouvernementale composée d’une dizaine de ministres avec à sa tête, le Premier ministre, Tertius Zongo. Ils y ont retrouvé le maire de la ville, Simon Compaoré.
Le dressage de tentes de multiples couleurs y continue. Toutes étanches, elles ont chacune des formes et des tailles particulières en fonction de leur pays de provenance (Italie, Algérie, Maroc, Libye, Japon, France, militaire, ONU). Munis de pelles et de brouettes, des jeunes, vêtus de gilets oranges, ramassent de la terre qu’ils tapissent autour des tentes.
Parmi eux, Idrissa Toguyeni de l’Association jeunesse sans frontières, qui nous confie qu’ils ont été appelés par le maire pour aider à ériger ce site. Selon Simon Compaoré, justement, le site, terrain de l’INJEPS, doit recevoir, en principe, 2200 personnes avec au total 146 tentes. La capacité des abris varie de 8 personnes, pour les plus petites de marque japonaise, à 30 pour les plus grandes (militaires).
Au dire du directeur général (D.G.) de l’ONEA, Harouna Ouibiga, la gestion de l’hygiène des lieux sera pris en charge par des ONG en collaboration avec les habitants : "En ce qui concerne l’assainissement, en plus des toilettes qui sont en pleine construction, des latrines mobiles y seront installées". Seconde destination, l’hippodrome qui va abriter également un campement.
Là, des agents du génie militaire, qui ont dressé les tentes, sont en faction pour accueillir les officiels pendant qu’au fond, les femmes de la Brigade verte continuent de balayer l’aire. L’eau stagnante dans les fosses septiques témoigne que le creusage a rencontré une nappe phréatique.
Ce site recevra la population la plus importante, estimée à 3000 âmes. A en croire le maire de Boulmiougou, Séraphine Ouédraogo, au total 8 sites actuels d’hébergement (des secteurs et écoles environnants et du village de Zongo) s’y retrouveront à partir de demain mercredi.
Troisième étape, le plateau Omnisports du secteur 17 où les ouvriers sont à pied d’œuvre. Des sacs contenant les pièces des gîtes sont déposés sur le plateau de volley-ball. Une quinzaine de cabanes sont déjà disposées. Et le bourgmestre de souligner que des terrains de sport de la capitale ont été réquisitionnés pour servir de centres de relogement.
Le 4e centre inspecté est l’ancien site du marché de Songnaba au secteur 16. Ledit marché qui faisait lieu, là, d’une occupation anarchique, selon Simon Compaoré, va être déménagé.
"Avec Tertius, nous sommes sauvés"
D’ailleurs, une marée humaine, provenant des commerces qui se sont installés à côté, se forme très vite autour de la délégation, qui visite les boutiques détruites. "C’est Tertius ! Nous sommes sauvés !", s’exclame dans la foule en tapant les mains, un jeune homme.
La foule qui suit le petit groupe importune les vendeuses assises derrière leurs étalages. Elles ne manquent pas de le faire savoir au jeune homme qui leur ouvre le passage à l’aide d’un mégaphone. "C’est le gouvernement qui va te vendre les condiments ?", lui répondent-elles, quelque peu amères.
Après la visite du nouvel emplacement du marché de Songnaba, cap a été mis sur le dernier site "témoin" sis au plateau du secteur 7 et prévu pour recueillir les sinistrés hébergés dans les établissements scolaires et secondaires de la zone. Pendant que les agents de la SONABEL installent des lampadaires et des poteaux électriques, les femmes de la Brigade verte désherbent la cour qui recevra, normalement, 500 personnes.
Au sortir de la tournée, Tertius Zongo a apprécié l’évolution des travaux d’installation d’assainissement, d’électrification, de santé et d’adduction d’eau dans la perspective de la libération des salles de classe avant la rentrée prochaine.
"A la date du 1er octobre, les écoles doivent être libérées. Nous allons veiller à renforcer les capacités techniques des opérateurs, car il s’agit de faire vite et bien en utilisant à bon escient les dons". Il a appelé à la participation de tous pour mener à bien le relogement des sinistrés dont l’opération débute demain mercredi. Le ministre de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation, Odile Bonkoungou, a précisé que des tentes-écoles verront le jour sur certains sites de relogement.
Et son collègue de l’Habitat et de l’Urbanisme, Vincent Dabilougou, de renchérir sur la priorité accordée à l’évacuation des lycées et collèges dans les sites aménagés : "Un système d’adressage a été mis en place à cet effet. Quand une famille est identifiée pour être déménagée, on lui donne un numéro qui va lui servir pour l’attribution des tentes sur les sites aménagés".
Toutefois, nous ne pouvons pas garantir un relogement par affinité. La lenteur prise dans l’installation s’explique, selon lui, par le fait que certaines tentes ont été emportées par le vent fort au départ. Une disposition de protection entre les abris a donc été initiée ; les plus grandes servant de couvres-tentes aux plus petites.
Vincent Dabilougou affirme aussi qu’à long terme, des dispositions seront prises pour éviter l’occupation des zones inondables. La tournée a pris fin à l’hôtel de ville où les membres du gouvernement se sont réunis avec le maire central.
Hyacinthe Sanou(l'observateur paalga)