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Dernières nouvelles de Copenhague

Publié le par nassaramoaga

Les lampions se sont donc éteints ce samedi, 19 décembre 2009, sur le Sommet mondial lié aux changements climatiques, ouvert deux semaines plus tôt à Copenhague ; mais ce n’est pour autant pas la fin de cette guerre d’intérêts, qui oppose pays industrialisés, grands pollueurs de la planète devant Satan ; et les damnés de la terre que sont les pays sous-développés.

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Après moult péripéties, rendez-vous à Mexico en 2010 pour un énième round des négociations en passant par Berlin dès janvier, la capitale danoise n’ayant pu accoucher de l’accord contraignant souhaité, mais, plutôt, d’un accord a minima, d’ailleurs boycotté par la majorité des 192 pays représentés, qui devrait conduire à la réduction du réchauffement planétaire de 2°C jusqu’à 2050, et à l’octroi de 30 milliards de dollars par an d’aide aux pays en développement à compter de 2020, ainsi qu’à l’examen les financements innovants. Contrairement à son nom, qui veut dire port marchand, Copenhague fut donc ce port du désespoir.


burkina-Faso-copie-1.gifLe Burkina Faso, comme à son habitude, ne pouvait bouder son plaisir à prendre part à une telle rencontre historique, d’où la présence d’une forte délégation, conduite par le Président du Faso, Blaise Compaoré, dont la déclaration, à la tribune de cette 15e conférence des parties à la Convention-Cadre des Nations unies (COP 15) et à la cinquième conférence des parties servant de réunion au protocole de Kyoto (COP-MOP5) le 17 décembre, a été fortement saluée. Du pays des hommes intègres au Danemark que retenir ?


Demandez au Burkinabè lambda de "Saagkuilga" ce qu’il sait des changements climatiques, et il vous enverra paître. Parlez-lui plutôt de pluies précoces ou tardives, de canicule et d’inondations inhabituelles, et il vous dira que le monde a négativement changé, compromettant ses productions agricoles et hypothéquant sa fête traditionnelle, si ce ne sont les funérailles coutumières au village. A chacun donc son école.


Mais loin des lumières du Zoundwéogo, nous voilà ce 16 décembre sur la presqu’île scandinave, en début de soirée où le soleil, toute honte bue, s’était déjà réfugié derrière les nuages, gros de plusieurs saisons. Nous ne tardons pas à subir l’épreuve de la neige, à l’instar de ces milliers de participants qui nous y avaient précédé depuis une dizaine de jours.


http://hotel.eurovacanza.com/images/hotel/org/125/1255740.jpgMême la chaleur conditionnée de l’hôtel Radisson, où la délégation présidentielle burkinabè avait installé ses pénates, aux côtés des officiels britaniques et kenyans, entre autres, ne fut d’aucun effet. A croire donc que les milliers de manifestants qui bravaient quotidiennement, et les rues enneigées et la police, avaient débarqué d’une autre planète. Mais devaient-ils se résoudre au silence au moment où déferlaient à Copenhague les pollueurs de la planète, dont les chefs de file ne sont autres que la Chine continentale et les Etats-Unis d’Amérique, dont on attend beaucoup pour la suivie de notre planète ?


Les dissensions, l’échec annoncé à Bella Center, la cathédrale onusienne circonstancielle de l’environnement, étaient le reflet de l’enjeu de cette conférence sur les changements climatiques. Pour s’en convaincre, la démission à jour J -2, alors même que les négociations peinaient à aboutir, de la présidente de la conférence, la ministre danoise du Climat, Conner Hedegaard, officiellement pour raisons protocolaires depuis que les débats ont changé de niveau, mais, en réalité, par suite de l’échec d’un accord unilatéral, qu’elle voulait imposer coûte que coûte, en dépit de l’irrédentisme du groupe africain face aux pays industrialisés. Ce fut en vain que son premier ministre, Loekke Rasmusen, prit le témoin pour tenter de sauver les meubles. A 48 heures de la fin des travaux, pas de texte unique à présenter aux chefs d’Etat et de gouvernement. Il fallait donc que l’on attende plutôt d’eux qu’ils esquissent un accord consensuel permettant de sauver l’essentiel.


 

Dix minutes pour convaincre


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Ainsi vint ce 17 décembre avec la litanie des déclarations, à l’occasion de laquelle le président du Faso interviendra en neuvième position pour apporter son grain de sel. Evidemment, Blaise Compaoré ne pouvait traiter d’un sujet aussi capital que celui des changements climatiques sans jeter un coup d’œil rétrospectif sur les inondations sans précédent qui ont frappé son Burkina, à l’instar du reste du monde en septembre 2009 et dont les victimes se comptent par milliers. D’où son plaidoyer pour une justice climatique, le droit au développement durable, au bien-être, à la vie en faveur des pays sahéliens dont le nôtre. Droit dans les yeux, le président du Faso martèlera que "le Burkina Faso attend des pays développés des engagements chiffrés de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre d’au moins 45% d’ici 2020 par rapport à 1990, à l’effet d’obtenir un niveau de température n’excédant pas 1,5% C".

 

Plaidoyer pour Taïwan


En matière de changements climatiques, Blaise Compaoré convient que les responsabilités sont partagées. Ce, pourquoi il a encouragé dans son allocution les pays en développement également à entreprendre des actions en vue d’infléchir leurs tendances d’émission de gaz à effet de serre, à l’instar des Etats émergents. Une brêche était ainsi ouverte en faveur d’une participation significative de la République de Chine Taïwan à l’effort de la Communauté internationale pour la stabilisation des concentrations des gaz à effet de serre, au regard de la performance de son économie, de sa capacité technique dans le domaine des énergies renouvelables.

 

En attendant les assises financières


Le Sommet de Copenhague est une étape, a rappelé le Président du Faso, et avant d’y parvenir, le Burkina a pris sur lui d’organiser en octobre dernier le Forum mondial sur le développement durable, dont la finalité était de réfléchir sur les opportunités offertes par les changements climatiques dans la perspective d’un développement durable. Les conclusions dudit forum constituent aujourd’hui une bible qui peut se résumer à la réévaluation stratégique du soutien à l’agriculture africaine avant l’échéance des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) en vue d’une gestion durable des terres, des ressources en eau, des ressources animales et la promotion de l’agriculture écologiquement durable ; la création d’une Agence africaine d’assurances sur le climat, dotée d’un mécanisme de financement pour la gestion des effets négatifs des phénomènes climatiques.


Des ambitions bien nobles mais dont l’aboutissement reste lié à la question financière. Et une fois encore, Blaise Compaoré n’a pas dérogé à la réputation du Burkina, acceptant d’abriter courant 2010 les Assises financières africaines, visant à faire émerger les régulations économiques et les compensations indispensables à un développement durable du continent.


http://lequotidien.editpress.lu/thumbnail.php?file=221009compromis_617856123.jpg&size=article_mediumLe moins que l’on puisse dire, c’est que la voix du Burkina a été entendue à la grand-messe des changements climatiques et du développement durable à Copenhague, comme peut en témoigner l’accord qui en a résulté, quoique maigre, obtenu à l’arraché en attendant le rendez-vous crucial de Mexico en 2010. C’est, certes, un premier pas, mais peut mieux faire pour atteindre une réduction globale de 50% des émissions de CO2 d’ici 2050 et l’avènement d’une organisation mondiale de l’environnement qui puisse attester la mise en œuvre des engagements de chacun, comme l’a suggéré Nikolas Sarkozy, le président français, qui faillit laisser les plumes face aux obstacles chinois et américains, lesquels n’ont pu être surmontés pleinement que lors des prolongations.


Bernard Zangré Envoyé spécial à Copenhague


L’apôtre du jatropha sur orbite


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Nous l’écrivions plus haut, le Burkina Faso était fortement représenté au sommet de Copenhague sur les changements climatiques, tenu du 07 au 19 décembre 2009. Hormis la délégation présidentielle, on comptait des représentants de l’Assemblée nationale, dont les députés Arba Diallo, Norbert Tiendrébéogo et Téné Boukary Jérôme Zampou ; des organisations de la société civile (OSC) et des têtes pensantes de l’Environnement et du Cadre de vie, conduites par le chef du département, Salifou Sawadogo himself, et le point focal changements climatiques au Burkina Faso, l’expert Bobodo Blaise Sawadogo.


Mais si présence atypique il y avait dans la capitale danoise, ce fut bien celle du Larlé Naaba Tigré, coiffé de deux casquettes : chef coutumier et président de l’Association "Belem Wend tiiga", avocat du jatrofa devant l’Eternel ; bien sûr celle de l’activiste de la société civile, et celle de l’élu du peuple. Un Tigré qui ne se départissait ni de son bonnet de chef, ni de son traditionnel Faso Dan Fani, qui attirait bien de participants, et qui était constamment dans les objectifs des photographes et des cameramen.


Foi de ce ministre du Môog Naaba, qui n’esquivait aucune interview, "cette question de changements climatiques est une question de développement dont il faut repenser la façon de voir. Il faudrait dorénavant des énergies propres et de nouvelles politiques qui amènent tout le monde à obtenir le minimum. Car, aujourd’hui, il y a bien des richesses qui suffisent à mettre tout le monde à l’aise. Mais des difficultés demeurent, du fait que certains s’enrichissent davantage et polluent davantage. Malheureusement, ceux-ci contribuent à l’extinction de la planète.


Il nous faut une prise de conscience si nous voulons léguer à nos progénitures l’héritage que nos parents eux-mêmes nous ont légué. Au pays, les sensibilités que je suis venu représenter attendent que des mesures judiciaires contraignantes soient prises, qui amènent les pays pollueurs à réduire progressivement leurs émissions de gaz à effet de serre. Déjà, les catastrophes du 1er-Septembre ont prouvé que si cela se répétait, nous courrions à la dérive. Mes mandants attendent donc que je revienne leur donner la bonne nouvelle de Copenhague".

 

40 milliards dans la cagnotte


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Calendrier des plus chargés que celui du président du Faso, Blaise Compaoré, qui, à l’issue de sa déclaration à la tribune du Sommet de Copenhague, et de la conférence de presse qu’il a donnée ce jeudi 17 décembre 2009, a accordé plusieurs audiences à d’illustres personnalités de la coopération internationale. Au nombre desquelles le ministre suédois de l’Environnement et le directeur du département en charge du développement durable de la Banque mondiale.


Mais l’on ne saurait passer sous silence celle accordée au ministre danois de la Coopération, Mme Ulle Tornas, qui a abouti à la signature d’une convention de financement de quelque 40 milliards de francs CFA en faveur des secteurs de l’Eau et de l’Assainissement au Burkina Faso.


Ce n’est pas à tort donc que Bédouma Alain Yoda, notre ministre d’Etat en charge des Affaires étrangères, a esquissé un large sourire après avoir paraphé les documents y relatifs avec la partie danoise. Entre le royaume du Danemark et le Burkina Faso, tout baigne, a avoué le ministre Ulla Tornas, qui promet ne point hésiter à y revenir, après sa visite de 2006, afin d’aider le gouvernement à mieux lutter contre la pauvreté.



Brèves de Copenhague



http://www.reseau-ipam.org/IMG/jpg/Our_climate_Not_your_business.jpg• Sommet dans le sommet ; c’était en effet le cas de le dire au regard des manifestants, des altermondialistes en majorité, qui s’étaient donné rendez-vous à Copenhague pour défier les dignitaires des pays industrialisés, coupables de pollution de la planète. Bravant la neige, qui se déposait par couches entières, ils osaient tenir tête aux policiers chargés de la sécurité à Bella Center où devaient se dérouler les travaux du sommet sur les changements climatiques. Dans les coulisses, il semble qu’ils auraient été sponsorisés par certaines ONG pour jouer pleinement leur rôle. Et ce fut fait de bout en bout.


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• Le vélo est roi dans la capitale danoise malgré sa faible densité et son niveau très élevé de développement. Mais qu’on se le dise, un vélo à Copenhague coûterait aussi cher qu’une moto "Koro n’a pas les moyens" au Burkina Faso. Pendant le Sommet, en tout cas, impossible pour certaines délégations d’avoir un véhicule en location, tant la demande était forte et le parc automobile peu fourni pour satisfaire les 192 Etats représentés. Les retardataires l’auront appris à leurs dépens, qui ont dû débourser 1,4 million FCFA pour la location d’un bus pour seulement ... 10 heures.


http://en.cop15.dk/files/images/1col_492px/obama_oct_20091027-080828-L_web.jpg• Aucun des grands de ce monde n’a pu échapper à l’armée des photographes et cameramen à leur arrivée à Bella Center où la sécurité fut renforcée. Le Français Nicolas Sarkozy, l’Iranien Mahmoud Amedenedjad, le Britannique Gordon Brown, le Burkinabè Blaise Compaoré, l’Allemande Angela Merkel ; le Sénégalais Abdoulaye Wade ; le Chinois We Jiabao, le Sud-Africain Jacob Zuma ; encore moins le Russe Dimitri Medvedov ne nous diront pas le contraire. Mais quand arriva le nègre de la Maison-Blanche, Barack Hussein Obama, ce fut la croix et la bannière pour l’identifier à plus forte raison le cribler de flashs. Un grand n’est pas un petit, et le Larlé Naaba Tigré, réduit aussi en spectateur de luxe, d’avouer dans son mooré académique" Kuilg yeêb raar la pondre bangd ta ka fi yé". En d’autres termes : "C’est le jour de la pêche collective que le crapaud se rend compte qu’il ne vaut rien". Ça veut tout dire.


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• La communauté burkinabè de Copenhague est forte seulement d’une cinquantaine d’expatriés. Dans la soirée du jeudi 17 décembre, ils ont d’ailleurs accueilli dans la ferveur le président du Faso, Blaise Compaoré, en la résidence de l’ambassadeur Monique Ilboudo dans la capitale danoise.




http://www.greenpeace.org/raw/image_full/international/photosvideos/photos/greenpeace-activists-activated.jpg• Malgré le cordon de sécurité, deux activistes de Green Peace ont réussi à s’infiltrer avec une méchante banderole au palais de la reine du Danemark au cours du dîner offert aux chefs de délégation. Une belle nique donc à la sécurité danoise, qui ne s’était pas gênée pour tenir bien de délégués loin du festin des princes.





Sources : L'Observateur Paalga
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