Cravate, costard et pourriture Une peinture musicale de la société africaine
Le patron du studio Abazon vient de mettre son 4 è album sur le marché de disque. L'opus a été présenté aux journalistes au Centre culturel français/ Georges Meliès (CCF/GM) le 4 mai dernier. Il comporte 12 titres bien enlevés. Les mélomanes savent que Serge Martin Bambara alias Smockey n'a pas sa langue dans la poche. Il dénonce les travers de la société africaine dans chacune de ses créations musicales. Ayant choisi le Rap comme mode d'expression artistique, de la première oeuvre jusqu'au dernier opus, il peint musicalement la situation de pourriture de la société africaine.
Cravate, costard et pourriture, le titre éponyme dénonce la délinquance au col blanc dont l'apparat des malfrats peut tromper les incrédules mais pas des personnes avisées. La génération spontanée des riches, Les dessous de table dans l'administration, l'affairisme sous le prisme de la religion est mise à nu par cette œuvre. Un appel est fait aux travailleurs de se syndiquer pour répondre au vœu d'un chant de lutte qui dit ceci : "solidarité mes frères, solidarité mes sœurs, c'est l'union qui nous rend forts". Un hommage est rendu également aux chauffeurs à travers un featuring avec la griotte Dédé. Ces derniers vivent des conditions difficiles de travail. Ils ne se reposent pas assez, ils sont la proie des brebis galeuses dans les forces de l'ordre et ne sont pas déclarés à la caisse pour faire valoir après de longues années de bons et loyaux services leurs droits à la retraite. Ce morceau a été réalisé grâce à la collaboration d'une structure du nom de OMD. Pour faire plus chatoyant et rester toujours dans le même registre, un clip a été tourné par le groupe de Zouglou, les patrons de la Côte d'Ivoire, on retrouve la thématique du désespoir de la jeunesse dans le titre clipé. Zongo, l'humoriste ivoirien, fait le désespéré en partant à la recherche du bonheur, le baluchon en bandoulière. Une particularité dans l'album, la participation des deux instrumentistes traditionnels. Biri dans le Bissako et Sibi Zongo, un malveillant violoniste de Koudougou. L'image de Biri est connue déjà du grand public à travers le titre " yama ". Il revient cette fois-ci encore dans ce dernier opus. Sibi Zongo est une nouvelle rencontre entre la tradition et Smockey. Son timbre envoûtant et sa maîtrise de "roudougou " le (violon) ne laisse personne indifférent. Sibi Zongo est à l'image de Mathias Kaboré de Barma, une localité située à quelques encablures de Ouagadougou, grand "roudwabda " (violoniste), il aurait pu s'il était toujours vivant apporter une touche aussi au Rap. C'est pour cela que dans le deuxième titre où Sibi pose sa voix, il pose une problématique d'un intérêt particulier. La connaissance de l'utilité des hommes de traditions pendant qu'ils sont en vie.
Le meilleur des rappeurs africains 2010 fait œuvre utile en ramenant ces hommes en surface. Car ils sont des détenteurs du savoir musical ancestral. Une source intarissable, dans lequel les artistes devraient toujours aller puiser. Une autre actualité concernant toujours Smockey, il a été désigné meilleur rappeur africain 2010 par les Kora. Ce prix a été dédié aux leaders panafricanistes qui se sont battus pour une Afrique véritablement indépendante. Le nom de Thomas Sankara figurait parmi les noms cités et une bonne frange de la jeunesse a salué cette dédicace.
Source : L'Evènement ( Merneptah Noufou Zougmoré )