Conférence de Copenhague,climat de vives tensions à l’intérieur du Bella Center (site de la rencontre)
« Laissez-nous polluer, fermez-la, on vous donne de l’argent ».
C’est en principe aujourd’hui qu’intervient à Copenhague, au Danemark, la clôture du sommet des Nations unies sur le changements climatiques. Une rencontre qui a connu des notes discordantes, tant les positions étaient divergentes sur le sujet. Les négociations sont en effet tombées dans l’impasse mercredi soir, malgré les engagements financiers à court terme de plusieurs pays riches, en particulier pour lutter contre la déforestation.
Rendez-vous sur les questions environnementales qui survient après ceux de Rio et de Johannesburg, il résulte d’un signal fort donné par
les scientifiques et les écologistes sur le danger
qui guette la Terre, si les pollueurs que constituent les pays de l’index 1, la Chine, les Etats-Unis, l’Union européenne et le Brésil, ne revoient pas leurs émissions de gaz à effet de serre (GES). « La menace représentée par le changement climatique est grave, elle est urgente et elle grandit », avait déclaré en septembre dernier Barack Obama.
L’objectif poursuivi par la conférence est donc de trouver un accord apportant la meilleure riposte possible au changement climatique et pouvant entrer en vigueur début 2013. Copenhague souffle le chaud et le froid. Un accord est difficile à trouver, la Chine ayant manifesté sa réticence. Elle a vivement critiqué le manque de transparence de la conférence de Copenhague, accusant la présidence danoise de vouloir imposer un texte d’accord, au mépris des négociations entreprises depuis deux ans.
Entre pays industrialisés et ceux en développement, il n’y a pas d’entente non plus sur qui doit réduire ses émissions de GES, ni sur le montant de ces réductions ou sur l’effort financier des plus riches en faveur des plus défavorisés pour les aider à s’adapter au réchauffement climatique. La présence aujourd’hui des 120 chefs d’Etat à la clôture reste un espoir pour donner une dernière bouffée d’oxygène aux négociations afin d’aboutir à un accord permettant de limiter la hausse de la température moyenne de la planète à 2°C.
L’aide immédiate nécessaire à accorder aux pays les plus vulnérables de 2010 à 2012 va chercher dans les 30 milliards de dollars. Les Etats-Unis, qui sont entrés largement dans le jeu hier, jeudi, se sont engagés, par la voix de la secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, à contribuer, par une enveloppe de 100 milliards de dollars par an d’ici 2020, à lutter contre le réchauffement climatique. Les principales économies participeront à cet effort et apporteront « toute la transparence nécessaire à la mise en œuvre des réductions d’émissions de GES ».
Le Japon, pour sa part, a proposé 19,5 milliards de dollars, dont 15 milliards d’argent public sur trois ans, pour aider les pays les plus vulnérables à faire face aux impacts du changement climatique. L’Union européenne promet 3,5 milliards de dollars par an sur trois ans, soit un total de 10,5 milliards, pour alimenter un fonds qui devrait atteindre 100 milliards de dollars annuels.
Et l’Afrique dans tout ça ? Elle a révisé ses exigences financières à la baisse. Meles Zenawi, le Premier ministre éthiopien, a avancé le chiffre de 100 milliards de dollars par an à partir de 2020, somme en deçà des demandes exprimées par l’Union africaine (UA). Les promesses des pays riches sont qualifiées de décevantes dans certains milieux, qui estiment par ailleurs que ceux-ci devraient présenter des chiffres ambitieux de réduction des GES.
Les engagements annoncés par les pays industrialisés à l’horizon 2020 représentent une baisse de 12% à 16% de leurs émissions par rapport à 1990. Ces pourcentages sont très bas, comparés à la fourchette de 25% à 40% mise en avant par les scientifiques. Les séances plénières ont été marquées par des querelles de procédure dans un climat tendu, limitant les débats sur le fond. La question du financement pour honorer la facture de la lutte contre le réchauffement climatique est, de toute évidence, un obstacle à l’issue heureuse du sommet. Les participants ne s’accordent pas sur le sujet.
Comme on le voit bien, les points de vue sont loin d’être harmonisés et dans un climat de vives tensions à l’intérieur du Bella Center (site de la rencontre) comme à l’extérieur, la présidente de la conférence, Connie Hedegaar, a préféré rendre le tablier. Dans ce méli-mélo, c’est encore la pauvre Afrique, notamment les pays forestiers du Bassin du Congo, qui sort perdante. L’après-Copenhague, comme le prédisent beaucoup, est incertain pour les dirigeants africains, qui piaffent d’impatience de tâter les milliards promis sous forme de compensation.
Ainsi, leur position à Copenhague n’étonne pas, préoccupés qu’ils sont, chacun à son niveau, de pouvoir profiter de la manne des Occidentaux qui semblent murmurer à leurs oreilles : « Laissez-nous polluer, fermez-la, on vous donne de l’argent ». Le sommet de Copenhague, ce sera bientôt de l’histoire. En attendant, l’avenir de la planète s’y joue. Les dirigeants du monde arriveront-ils à surmonter leurs divergences et à s’entendre sur des accords solides et contraignants ? Réponse aujourd’hui même à la clôture du sommet.
source : D. Evariste Ouédraogo( l'Observateur)